Le travail du cuir par les artisans touaregs, le tissage au Rwanda ou encore l’art de la broderie en Syrie, tous ces savoir-faire ancestraux sont des patrimoines culturels que la marque MADE51 s’attache à faire vivre en employant des réfugiés, leur permettant de retrouver une indépendance économique. En référence à la Convention de Genève de 1951 relative au statut sur les réfugiés, la plateforme MADE51, émanation initiée par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, créé et commercialise des articles d’art et s’engage à fournir une activité à nombre d’entre eux.
Parmi les cent millions de réfugiés qui ont fui la guerre, la persécution ou les désastres climatiques dans le monde, il y a autant de récits et de trajectoires individuelles. Il y a par exemple Parween, qui vit en Inde. Elle a quitté l’Afghanistan, comme plus de deux millions de ses compatriotes. « La vie de réfugié est stressante. Si vous avez l’opportunité de faire quelque chose de vos mains, même modestement, cela vous calme mentalement. Quelques heures de travail avec mes amis éloignent mon appréhension. Cette activité économique me redonne de l’espoir. L’espoir d’assurer l’éducation de mes filles et de leur offrir un meilleur avenir. » Parween brode et fait du crochet pour l’une des trente entreprises associées à MADE51, une marque globale créée par le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR). Travailler, pour un expatrié, est crucial. Son activité lui procure un revenu, autant qu’il lui rend sa dignité. Elle lui permet aussi de mieux s’intégrer dans son pays d’accueil. S’il laisse dans son exil tous ses biens matériels derrière lui, chaque migrant emporte ses compétences et son talent. Lors de la dernière édition de Maison&Objet, MADE51 exposait pour la première fois. Sur le stand était présentée la « Holiday collection », une série d’ornements de Noël à suspendre au sapin ou dans la maison, fabriqués à la main dans des zones proches des conflits. Nous y avons rencontré Christine Gent, experte du Fairtrade pour MADE51, elle explique.
CG : « Nous avons remarqué que partout dans le monde, les réfugiés se regroupent systématiquement pour fabriquer quelque chose de façon artisanale. Les équipes des Nations Unies les identifient. Puis nous organisons la suite. Nous sélectionnons des entreprises locales dans les pays d’accueil capables de structurer une offre à partir de ces compétences et nous signons un partenariat avec eux.
Ce sont des structures à caractère social, avec une éthique solide. Elles doivent maîtriser le marketing, la production, la commercialisation, le digital, les normes environnementales. Nous avons une charte sur les produits : leur design doit être unique et original, ils doivent refléter la culture et le savoir-faire de leurs auteurs. Fabriqués à partir de matières premières authentiques, ils sont adaptés au marché international. Nous travaillons en partenariat avec la World Fair Trade Organisation qui s’assure de la conformité des entreprises choisies.
Nous cherchons des distributeurs en Europe. Nous sommes déjà présents aux Etats-Unis, en Asie et au Royaume Uni. Les entreprises associées de MADE51 produisent des accessoires de décoration pour la maison, des cadeaux, et des collections événementielles, pour la fête des mères par exemple. Nous présentons ici notre « Holiday Collection », un ensemble de décorations pour les fêtes de Noël. Elle comprend 21 ornements fabriqués à la main par des réfugiés dans 13 pays. Cette collection unique venant du monde entier célèbre l’espoir et la solidarité. Ce sont des cadeaux tous simples et chargés de sens.
Les Touaregs ont façonné des ornements en métal repoussé, les Afghans ont cousu et brodé des panthères des neiges, symboles de bravoure et de beauté. Les réfugiés de l’intérieur du Soudan ont créé des cercles en perles, les Syriens établis au Liban ont brodé des papillons… Il y aussi cet oiseau en bois de jacaranda sculpté par les Congolais au Kenya, symbole de paix. 85 % de nos artisans sont des femmes. Cette initiative fait travailler 2700 réfugiés, dans 23 pays, avec 30 entreprises sociales, et nous estimons qu’elle bénéficie à 15000 personnes, en comptant les enfants et les familles. Nous voulons que l’on pose un regard positif sur ces populations, qui, même démunies, peuvent contribuer à la prospérité des pays qui les accueillent.
Par Caroline Tossan
Illustration © Sarah Bouillaud