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The story behind / Filt, le cabas universel

Filt, le cabas universel

Publié le 6 août 2021 Partagez

Filt - The Story Behind - Maison&Objet - illustration © Sarah Bouillaud

Avec son petit filet pour les courses, cette entreprise normande a conquis le monde entier. Histoire d’un produit star.

Toutes les marques en rêvent : inventer un produit magique dont le monde entier raffole. Facile à dire… Le bon éplucheur, le briquet jetable, le tire-bouchon impeccable, ces inventions populaires sont le résultat d’une longue histoire, de patience et de savoir-faire. Toujours imités, jamais égalés. Chez Filt, c’est un cabas pour les courses en filet de coton Made in France, fabriqué en Normandie. Il vaut quelques euros. Au Japon, les bloggeuses sont folles de son design original. Aux Etats-Unis, il est synonyme de cette « effortless french élégance ». En France, il fait partie du patrimoine affectif. Sans surprise, le petit sac de courses avait été sélectionné très tôt pour le concept store Merci par Jean-Luc Colonna, alors en charge des collections avec Daniel Rozensztroch. «J’aime ce genre de produit évident, où la fonction et le style sont imbriqués dit-il. L’usage est simple, il est bien fait. Avec Filt, pas la peine de dépenser des centaines d’euros pour avoir quelque chose de cool. » 

L’histoire du filet Filt a été jalonnée de passions et de désamours. Elle débute en 1860, en Normandie, quand des paysans se regroupent afin de tresser des sacs en lin pour la récolte. Le « sac à patates » est né. Alors que la révolution industrielle bat son plein, un homme mécanise la production. Il s’appelle René L’Honneur. A Caen, la « Manufacture Générale de Filets L’honneur et ses fils » fabrique des sacs pour tout, des gibecières pour la chasse, des caparaçons pour recouvrir les chevaux. Mobilisé durant la guerre de 1914-1918, René L’Honneur discute technique dès qu’il trouve d’autres soldats venant du textile, comme lui. Son expertise passe les frontières. Puis la guerre frappe à nouveau. Le 6 juin 1944, la ville de Caen est détruite par les bombardements alliés lors du débarquement. «  L’usine a été pulvérisée », raconte Catherine Cousin, la propriétaire actuelle avec son mari Jean-Philippe. « C’est très émouvant de voir sur les photos les ouvriers retrousser leurs manches pour retrouver les pièces des machines pouvant encore servir. » 

L’après-guerre est un nouvel âge d’or. La manufacture L’Honneur surfe sur la civilisation des loisirs : filets de tennis, de Badminton, ping-pong, hamacs… Mais surtout, le sac reçoit des poignées et se transforme en filet à provision. On y glisse une botte de poireaux, trois pommes et une salade. Des années 50 aux années 70, le « filet de la ménagère » entre dans tous les foyers français et s’exporte. 
Les années 80 sonnent le glas des trente glorieuses. Les supermarchés et leurs sacs en plastique jetables ringardisent le filet à provisions « de mémé ». La société, rebaptisée Filt, quitte la famille L’Honneur au début des années 90. Il faudra attendre l’année 2000, et l’arrivée de Jean-Philippe Cousin au poste de directeur général pour réveiller la belle endormie. Ingénieur textile, il saisit d’emblée la valeur du savoir-faire. Il modernise l’outil de production, qui date encore de l’après-guerre. Sa femme Catherine, diplômée des Beaux-Arts, spécialiste du modélisme de mode, a comme lui l’esprit entrepreneur. Ils entrent au capital puis finissent par tout racheter. Entrée pour structurer la collection de porte-bébés -en filet de coton bien sûr- elle s’aperçoit que la technique de tissage du sac à provision est perdue. Avec patience, et l’aide d’une ouvrière à la retraite puis d’un ingénieur, la nostalgie renaît. 

« Au départ, les modeuses étaient déconcertées par ce sac plein de trous !» 

En 2009, nait une première collection, avec des couleurs mangas, jaune, rouge, bleu, vert. En Janvier 2011, Filt expose pour la première fois à Maison&Objet Paris. «Je me disais que le côté un peu Kitch pourrait plaire, raconte Catherine Cousin. C’était le retour des valeurs sûres comme la cocotte Le Creuset, la Fiat 500… ». Les Italiens, les Coréens, les Japonais, les Américains, qui ont vu aussi ce petit sac dans les rayons de Merci, passent commande. « Je suis heureux chaque fois que je peux faire la courte échelle à une jolie marque, dit Jean-Luc Colonna, devenu depuis retail-consultant. Catherine sait écouter ses clients, s’adapter. Son filet est vendu dans tous les bons endroits à Tokyo. La qualité de sa fabrication le rend inimitable. » Le modèle est tissé sur des métiers Rachel, conçus pour la dentelle. Catherine choisit ses couleurs en regardant les défilés de mode. Elle vient d’achever une collaboration avec le sellier de luxe Longchamp qui a doté les filets des célèbres poignées et rabat en cuir du sac « Pliage ». Le modèle est déjà un best-seller. 

Dans la maison, chacun lui trouve un usage. Le mini des enfants est détourné en cuisine pour exposer les citrons et les oranges. Le modèle XXL sert de sac à linge, à ballons de foot, à coussins et s’emporte à la plage. « Je croyais que le succès ne durerait pas, avoue Catherine Cousin. Mais après la vague nostalgie, est venue la désaffection pour les sacs en plastique. Notre filet est 100% coton, sa teinture certifiée oeko-tex. Très résistant, il est lavable en machine. » Les modeuses l’ont adopté, «  même si au départ elles étaient déconcertées par ce sac plein de trous ! » Une pochette suffit à contourner ce paradoxe. On y glisse son bento ou sa paire de baskets pour prendre le métro. La force du sac Filt réside dans son âme. « Nous croyons en la valeur des hommes et des femmes qui travaillent chez nous, souligne Catherine Cousin. Nous avons organisé la production pour que chaque employé fabrique son sac de bout en bout. Leur nom est inscrit sur l’étiquette. » De Los-Angeles à Tokyo, chacun sait qui de Laurence, Hélène, Dhia, Mégane ou Karen a cousu son cabas. «  Nous sommes passés d’une vieille boutique de grand-mère à une entreprise portée par son histoire de 160 ans, » dit fièrement Catherine. En 2017, Filt recevait le label EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant. 


Par Caroline Tossan
Illustration © Sarah Bouillaud


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