Rares sont les signatures que l’on identifie au premier coup d’œil. Maison Sarah Lavoine a su imposer la sienne, devenue une marque, en même temps qu’un studio d’architecture intérieure. En septembre, à Maison&Objet, elle partagera son expérience de cheffe d’entreprise lors d’un talk.
Du velours, une rayure, l’éclat d’une laque, et des aplats de couleurs vives soulignés de noir, ou de blanc. Un bleu reconnaissable entre tous, le bleu « Sarah » inspiré d’une plume de paon. Depuis la création de son studio, en 2002, Sarah Poniatowski trace son sillon, impose son style. « Je n’avais pas de plan de carrière au départ, dit-elle. Maison Sarah Lavoine s’est structurée au fur et à mesure, à l’intuition. » En 2012, elle crée sa propre marque, qui s’épanouit désormais dans onze boutiques en France, plus une en Belgique, des corners dans les grands magasins et des points de vente sur les cinq continents. Une marque de prêt à porter s’ajoute à la décoration. Elle emploie une cinquantaine de collaborateurs, tout en poursuivant son activité d’aménagement d’espaces. Sarah Poniatowski est l’une des rares femmes à avoir atteint ce niveau de réussite. « J’ai cette chance de considérer qu’être une femme est une force, dit-elle. Nous avons des leviers différents, plus en douceur, avec le sourire. Et nous sommes capables de gérer trois enfants en même temps qu’une entreprise. »
« L’art de vivre à la française, c’est le goût des belles choses, mais jamais de façon ostentatoire »
Le studio s’adresse à une clientèle privée, et aménage aussi des bureaux, des restaurants, des hôtels. La maison d’édition a ouvert une section « contract » en 2019. En 2018, le groupe l’Oréal lui confiait son nouveau siège accueillant 2500 collaborateurs, elle a aussi réinventé le prestigieux club de sport du Racing, dans le bois de Boulogne. « Chaque chantier nourrit l’inspiration de la marque, c’est un terrain de recherche, plus libre, parfois nous incluons un meuble ou un luminaire dans la collection », raconte-t-elle. Le luminaire Vadim est devenu l’une de ses pièces iconiques. Il avait été créé pour un restaurant. Idem pour le pouf Leo, imaginé pour l’hôtel le Roch, à Paris. Les bureaux sont conçus dans une ambiance confortable « comme à la maison », les restaurants doivent sembler avoir toujours existé, dans un décor à la simplicité très étudiée. « L’art de vivre à la française, c’est une allure, un raffinement sans trop de sophistication, le goût des belles choses mais jamais de façon ostentatoire », décrit-elle. Dans ses collections, les objets sont là pour durer, les lignes sont suivies sur de nombreuses années, fabriquées par des artisans. « Je ne suis pas les tendances, dit-elle. Ce qui compte c’est qu’on s’attache aux objets, qu’ils se patinent avec le temps. C’est pareil avec ma ligne de vêtements, ce sont des intemporels. Les clientes viennent chercher le bon jean, le bon smoking, dont nous renouvelons les couleurs. » Fidèle depuis vingt ans à Maison&Objet, elle en parcourt les allées une par une chaque saison. « Je suis toujours très excitée avant d’y aller, c’est une vraie source d’inspiration ! »