Militants pour un design holistique, incluant ses aspects sociologiques, historiques, politiques et par-dessus-tout écologiques, le studio Formafantasma est constitué du duo italien Andrea Trimarchi et Simone Ferresin.
Andréa sera l’invité exceptionnel d’un talk dédié au design vertueux à Maison&Objet.
Le site internet de Formafantasma a été formaté pour minimiser la déperdition d’énergie et les émissions de CO2 lors de la navigation. La plus-part des photos ne sont consultables qu’à la demande, en un clic, sans affichage inutile. Ce qui pourrait n’être qu’un détail ne l’est pas pour Andrea Trimarchi et Simone Ferresin. Les deux designers ont appris à penser un monde plus sobre d’une façon globale, jusque dans les gestes anodins. Tous deux diplômés en 2009 de la Design Academy d’Eindhoven, ils prenaient la direction du département de geo-design quelques temps plus tard, pour enseigner les implications sociales, économiques, territoriales et géopolitiques du design d’aujourd’hui. Un design où le sens et le processus de production prennent le pas sur la forme. Leur studio Formafantasma a été créé à Rotterdam, avant qu’Andrea et Simone ne réintègrent Milan en 2021.
Le studio dessine des produits, scénographie des espaces et des expositions. Designers-chercheurs, Trimarchi et Ferresin conseillent les marques dans l’éco-conception de leurs produits. Ils viennent de prendre la direction artistique de la maison vénitienne de tissus Rubelli. Pour Kieffer, maison acquise par Rubelli en 2001, ils ont dessiné une première collection à base de lin, laine et chanvre, aux couleurs douces obtenues sans pigments chimiques. Leur suspension Wireline pour Flos est une épure réduite à un tube lumineux, un câble et une sangle en caoutchouc. Leur série de céramiques Post Scriptum réalisée par Ginori 1735 pour Cassina laisse brut le tracé au crayon noir des artisans sur le biscuit de porcelaine. Tout se passe comme si les deux designers voulaient resituer l’objet dans son essence et son origine : un câble pour une lampe industrielle, un artisan pour une poterie.
Même démarche quand le duo s’attèle à une scénographie. Pour le Centre d’art contemporain Luigi Pecci à Prato, en Toscane, ils ont mis en scène les œuvres d’Andy Warhol ou Lucio Fontana dans des tentures de lainage couleur pêche. En plus de rendre hommage aux tisserands de la région, les panneaux organisent l’espace et changent des accrochages classiques sur murs blancs. Pour accompagner la collection « Conversation with a flower » de Prada, ils ont organisé des rencontres dans des arboretums de Paris, Londres, New-York, « unplugged », sans micro, juste pour renouer avec l’humain et le végétal, sans écran. Que pensent-ils de « Tech-Eden », le thème de l’année Maison&Objet ? « La technologie ouvre bien des opportunités, disent-ils, mais le futur doit être avant tout basé sur l’humain. Elle ne doit pas rester concentrée entre quelques mains, mais être contrôlée par le plus grand nombre. »