Basés à Lausanne, Grégoire Jeanmonod, Elric Petit et Augustin Scott de Martinville constituent le studio BIG-GAME le nec-plus-ultra du design suisse.
Ils se sont rencontrés à L’ECAL, L’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne, réputée comme l’une des meilleures au monde, et ne se sont plus quittés. Grégoire Jeanmonod est Suisse, Elric Petit est Belge et Augustin Scott de Martinville est Français. S’ils travaillent pour des éditeurs du monde entier, ils sont fidèles aux rives du Leman où est né le studio BIG-GAME en 2004. Existe-t-il une définition du design suisse ? Réputée pour sa modération, et même sa discrétion, la production helvétique peut se révéler redoutable dans l’invention d’icônes reconnues pour leur élégante efficacité. En témoignent la police de caractères Helvetica, fonte universelle réputée la plus harmonieuse au monde, la montre Swatch, le crayon Caran d’Ache horlogères au monde. La pièce la plus remarquée de BIG-GAME est pour l’instant la chaise BOLD, en tubes d’acier recouverts de mousse, éditée par le Français Moustache et déjà référencée au Vitra design Museum, au MAD et au MoMA. Pour Opinel, ils ont dessiné des couverts de table, pour Hay des porte-manteaux, pour Muuto des accessoires de bureau, pour Alessi une boîte à pain… Big Game définit lui-même son design comme simple, fonctionnel, optimiste. Ils en diront plus lors d’un Talk en septembre à Maison&Objet. On commence ici en avant-première.
BIG-GAME : Nous étions encore étudiants à l’ECAL et nous devions présenter nos travaux au salon Satellite à Milan. Le premier objet que nous avions dessiné était un trophée de chasse à monter soi-même en contreplaqué. BIG-GAME signifie « gros gibier » en anglais, ça voulait dire aussi pour nous que nous sortions le « grand jeu », ça y est, on se lance !
Nous partageons le goût des objets fonctionnels, du design démocratique, conçu pour la vie de tous les jours. Ca peut paraître évident mais beaucoup de designers fonctionnent autrement, ils font des choses sophistiquées, leur souci n’est pas forcément de les rendre abordables ou accessibles au plus grand nombre. C’est tout à fait ok, mais nous préférons qu’un enfant ou une personne qui ne s’intéresse pas au design puisse apprécier ce que nous faisons. Ça ne veut pas dire que nos objets sont invisibles ou seulement fonctionnels, nous voulons qu’ils étonnent, qu’ils apportent du plaisir, qu’ils rendent la vie plus charmante.
Nous nous intéressions au mobilier tubulaire du Bauhaus, et à Marcel Breuer. Nous voulions construire une chaise uniquement en tubes, mais ce n’est pas très confortable. Pour cela, on a mis de la mousse tout autours des tubes puis on a travaillé avec un fabriquant de chaussettes pour les recouvrir.
Nous devons aborder le débat entre artisanat et industrie, parler d’innovation. L’artisanat est paradoxal. Il fait appel à des techniques très anciennes et très modernes à la fois. Nous avons fait avec Giroflex une chaise de bureau dont l’assise et le dossier sont en bois. Ils sont réalisés par les artisans japonais de Karimoku New Standard qui travaillent avec des machines à commande numérique. On leur envoie nos fichiers 3D et tout est robotisé, mis à part certaines opérations qui nécessitent la dextérité inégalée de la main de l’artisan. C’est l’artisanat d’aujourd’hui, c’est très vivant.
Deux de ses membres ne sont pas suisses, se définir par la nationalité n’est pas très important pour nous. Nous avons des clients au Danemark, en Italie, en France, en Inde, au Japon. Néanmoins, il y a des valeurs du design suisse dans lesquelles nous nous reconnaissons : un design minimaliste, connu pour être fonctionnel, avec des produits très iconiques. Simple, avec une forte identité et qui répond bien à des besoins : ça c’est suisse.