Elle milite pour un design respectueux du vivant. Qui est Hélène Aguilar, l’auteure de Où est le beau, le podcast qui cartonne ?
Le design a changé sa vie. En lançant le podcast Où est le beau ? l’ancienne juriste Hélène Aguilar ne se doutait pas des bouleversements qui l’attendaient. Fin 2018, à la veille de la trentaine, elle envoie balader son salaire dans un grand laboratoire et sur l’air de « Cap ou pas cap ? », sans aucun réseau ni relations, décide que le monde de la décoration serait son nouvel écosystème. Son moteur : l’émotion, l’envie de partager sa passion pour les objets, l’art et l’architecture. Pour ne rien simplifier, elle décide de parler d’esthétisme dans un Podcast, sans image donc, avec pour thème la recherche du beau… tout simplement. « La voix laisse toute la place à l’imaginaire, explique Hélène Aguilar. Une conversation avec un designer ou un entrepreneur est un temps long où l’on entre en connexion avec la personne grâce à la sensibilité de sa voix qui dit beaucoup. Je voulais rendre accessible des créateurs qui peuvent être intimidants. » Aidée par un ami ingé-son, elle découvre et contacte ses « sujets » via Instagram. Alors que tout le monde crie au casse-cou, le succès est au rendez-vous. Lancé en janvier 2019, Où est le beau ? est le premier Podcast à s’imposer dans le monde du design, suivi par beaucoup d’autres. Son compte Instagram, complément visuel et promotionnel indispensable à son Podcast, affiche plus de 23000 abonnés.
De l’histoire de la bougie à celle de la cafetière italienne, de l’interview de Ionna Vautrin au portrait de Eileen Gray, elle ne s’interdit aucun style, aucune époque, aucun sujet. En quête de sens depuis son changement de vie, Hélène Aguilar se dirige le plus souvent vers des créateurs engagés dans des choix des matières respectueuses du vivant. « En un an, j’ai révolutionné ma façon de consommer. Je me suis connectée avec des personnes qui m’ont éveillée à l’urgence des questions environnementales », dit-elle. Exploratrice digitale, dénicheuse de talents 2.0 elle se laisse séduire par les démarches authentiques, souvent d’inconnus. « Ils sont souvent très jeunes, remarque Hélène. Ils montrent que l’on peut inventer autrement, simplement en remettant le bon sens au centre de la démarche créative. Ils ont une conception plus frugale de la consommation, pour un futur à la fois désirable et soutenable. »
De ses trouvailles est née l’exposition « Demain plus beau » à l’espace Commines lors de la dernière édition de Paris Design Week, section Factory. Parmi les pièces exposées, ni métal, ni plastique mais de la terre, du végétal et des matériaux issus de la mer. Pas de « green washing ». On y découvrait par exemple la « geo-verrerie » de Lucile Viaud, des verres dont la couleur reflète la teinte naturelle des matières qui le composent : algues marines ou coquilles d’escargots. Dans sa sélection, le couple d’ébénistes de Solum Lignum qui travaille en Sologne au milieu des arbres centenaires, le designer très engagé François Champsaur ou encore l’Atelier Musset spécialisé dans le vieux bois : en tout 18 designers et artistes utilisant des matériaux disponibles. « Le challenge est immense et le spectre à explorer très vaste. Ce qui me touche a changé », dit Hélène Aguilar, dont l’aventure ne fait que commencer.
Photo ©Antidote Factory